Vers une nouvelle alliance de partis au Congo-Brazaville

Panafrican News Agency, 28 December 2000

Un accord va être conclue, dans les prochains jours entre le Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès Social (RDPS) de Jean-Pierre Thystère Tchicaya et le Parti Congolais du Travail (PCT) de Denis Sassou Nguesso.

Selon des sources proches des Forces Démocratiques Unies (FDU), coalition de partis de la mouvance présidentielle, une commission a été mise en place pour mettre au point le texte final de l'accord qui devrait permettre au RDPS et au PCT de gouverner ensemble.

L'accord de principe a déjà été obtenu à l'issue d'une rencontre entre MM. Tchicaya et Sassou Nguesso, le 1er novembre dernier, à Oyo, village natal du président congolais.

Les travaux de la commission, qui comprend des représentants du PCT et du RDPS, étaient supervisés par M. Thystère Tchicaya et le secrétaire général du PCT, M. Ambroise Noumazalay.

La commission a présenté les conclusions de ses travaux au président Sassou Nguesso, il y a près de deux semaines, au cours d'une audience à laquelle ont assisté MM. Thystère Tchicaya et Noumazalay, a indiqué un responsable d'un parti membre des FDU.

Nous ignorons encore le contenu du document présenté par la commission. Nous savons simplement qu'à Oyo, les leaders du PCT et du RDPS étaient tombés d'accord pour que leurs partis travaillent et gouvernent ensemble, a-t-il dit.

Cela ne veut pas dire que le PCT met en cause son appartenance aux FDU dont M. Noumazalay est président par intérim. Cela fait partie de la volonté du président Sassou Nguesso d'associer les forces acquises à la paix à la gestion du pays, a expliqué la source.

Avant la guerre civile du 5 Juin, le RDPS faisait partie de l'Union pour le renouveau démocratique (URD), une coalition de partis dirigée par M. Bernard Kolélas, ancien maire de Brazzaville, et ex-Premier ministre de l'ancien président déchu Pascal Lissouba.

Le RDPS avait rejoint l'Espace républicain pour la défense de la démocratie et de l'unité nationale (ERDDUN), favorable à M. Lissouba, au plus fort du conflit armé opposant les milices du général Sassou Nguesso et de Lissouba.

Les FDU avaient dénoncé la création de l'ERDDUN qu'elles assimilaient à un groupement de partis soutenant la guerre civile, remportée par le général Sassou Nguesso et ses partisans.

à l'issue de la guerre civile, l'accord entre l'URD et les FDU avait été mis en veilleuse.

Le secrétaire général adjoint du PCT, M. Lékoundzou Itihi Ossétoumba avait alors déclaré que cette alliance était devenue caduque, dans la mesure où son président, M. Kolélas, avait participé activement à la guerre civile aux côtés de Lissouba.

La conclusion d'un accord entre le PCT et le RDPS pourrait permettre à M. Thystère Tchicaya de renouer avec ses anciens camarades du PCT, bien que la nouvelle alliance ne remette pas en question l'autonomie de chacune des deux formations politiques.

Universitaire, professeur d'histoire à l'université Marien Ngouabi de Brazzaville, Jean-Pierre Thystère Tchicaya a été ministre des enseignements secondaire et supérieur sous l'ancien parti unique, le Parti congolais du travail.

En 1975, à l'issue de la mise en place de l'état-major spécial révolutionnaire, il devient la deuxième personnalité du pays, en sa qualité de numéro deux du parti, après le commandant Marien Ngouabi.

Il occupera cette fonction jusqu'à l'assassinat du commandant Ngouabi le 18 mars 1977.

Le comité militaire du parti (CMP), qui prend le pouvoir, écarte Thystère Tchicaya de la direction du PCT.

Il revient toutefois au bureau politique du parti suite au mouvement du 5 février 1979, sorte de révolution de palais menée contre le général Joachim Yhombi Opango, accusé d'incarner la ligne déviationniste.

En 1984, Thystère Tchicaya est arrêté, officiellement pour son implication dans des attentats à l'explosif. Il est jugé et condamné. Le procès n'avait cependant pas permis de déterminer sa responsabilité.

Il revient aux affaires à la faveur du gouvernement des 40 et 60 mis en place après la dissolution de l'assemblée nationale par le président Lissouba en 1992.

Maire de Pointe-Noire jusqu'à la fin de la guerre du 5 Juin, Thystère Tchicaya est l'un des hommes politiques congolais jamais cité dans les scandales économiques et financiers quand bien même ses adversaires lui reprochent son inconstance politique.