La rareté de la terre menace la paix sociale au Rwanda

By Ferdinand Bigumandondéra, Panafrican News Agency, 3 November 2000

Kigali, Rwanda—L'accès à la terre devient chaque jour plus difficile au Rwanda pour des raisons liées à l'exiguïté du territoire, à la croissance démographique galopante, à la présence d'un nombre important de sans terres, à l'emprise croissante des élites urbaines sur les terres et à la nature morphologique même du pays.

Ce constat a été fait lors d'un séminaire sur la politique foncière au Rwanda, qui s'est déroulé récemment à Kigali.

Dans une étude rendue publique à cette occasion, le ministère rwandais de la terre a indiqué que la population Rwandaise était passée de 1.595.400 habitants, en 1934, à 7.700.000, en 2000.

La densité a atteint 1.000 habitants au KM2 dans certaines régions du pays comme Shyanda, dans la préfecture de Butare (Sud du pays), contre une moyenne nationale de 410 habitants au KM2, précise l'étude.

Selon le document, la terre cultivable disponible pour l'exploitation agricole familiale est de l'ordre de 0,6 HA par ménage alors que le seuil critique en dessous duquel une exploitation agricole ne peut subvenir aux besoins nutritionnels de base est de 0,75 HA. Pour sa part, le fonds des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime une exploitation économiquement viable à 0,90 HA, poursuit l'étude.

La guerre civile rwandaise de 1994 est également citée parmi les autres facteurs contribuant à la rareté des terres relevés par les experts du ministère de la terre.

Les programmes de reconstruction et de réinstallation des indigents, la surexploitation des ressources forestières à des fins énergétiques (97 pour cent des ménages utilisent le bois comme source d'énergie) ont augmenté la pression sur les ressources ligneuses, et les réserves naturelles du pays, au point que l'on craint leur épuisement à terme.

Les mauvaises pratiques culturales et le surpâturage figurent également au nombre des facteurs de raréfaction des terres au Rwanda où l'érosion fait perdre annuellement 500 tonnes par HA, selon l'étude.

Le document note, par ailleurs, que la terre au Rwanda est le facteur de production et de survie le plus important dont le mode de gestion, d'utilisation et de valorisation déterminera l'essor de l'économie nationale et le bien être de la population tout entière.

Le séminaire de Kigali a recommandé le passage du droit coutumier régissant jusqu'ici la terre en milieu rural à un système cadastral légal à même de garantir l'égalité des chances pour tous les citoyens dans la jouissance de la ressource foncière.

La surface cultivable au Rwanda, généralement estimée à 1.385.000 HA, soit 52 pour cent de la superficie totale du pays qui est de 26.338 km2, est inégalement repartie entre les 95 pour cent de la population rwandaise vivant de l'agriculture.