Bras de fer entre les syndicats et le gouvernement rwandais

Panafrican News Agency (Dakar), 24 February 2001

Kigali, Rwanda—Un bras de fer est engagé entre les syndicats des agents de la Fonction publique et le gouvernement rwandais à propos d'un projet d'assurance-maladie en voie de lancement le mois prochain.

Ce projet, dénommé RAMA—la Rwandaise d'assurance maladie—qui devrait commencer le 1er mars, est une innovation du gouvernement qui se propose de prendre en charge les soins médicaux des travailleurs de l'administration centrale et des juges.

Piloté par le ministère de la Fonction publique et du Travail, le projet a reçu l'apport des experts burundais où une structure presque semblable, la Mutuelle de la fonction publique, a plus de vingt d'expérience.

Alors qu'au Burundi cette mutuelle semble avoir réussi malgré presque huit ans de crise politico-sociale, au Rwanda ce projet risque d'avorter avant sa naissance.

Le Rwanda compte à peu 38 000 agents de l'administration centrale, pour la plupart des enseignants, qui bénéficient d'un salaire mensuel.

Alors que les agents du secteur privé et des entreprises parapubliques étaient soignés aux frais de leurs employeurs, jusque dernièrement, les agents de l'Etat se saignaient pour se payer les soins médicaux, quoiqu'une certaine taxe était prélevée sur leurs salaires.

Des tentatives pour faire soigner les agents de l'Etat ont eu lieu avec les compagnies d'assurance étrangères, notamment King Faycal Hôpital et une organisation sud-africaine nommée Suremed.

Toutes ces tentatives sont restées sans lendemain, parce que ces compagnies étaient devenus des gouffres de l'argent de l'Etat ne profitant qu'aux hauts gradés de l'administration centrale, qui avaient des avantages particuliers quant à leur traitement.

Pour remédier à cette situation, c'est ainsi que la RAMA a été conçue par le gouvernement et projette de fonctionner sur bases provenant des contributions mensuelles des agents de 15 pour cent-10 pour cent du salaire individuel, auxquels le gouvernement va ajouter 5 pour cent.

Cette loi instituant la RAMA a été votée par le Parlement Rwandais vendredi dernier et n'attend qu'à être approuvé par la Cour Suprême, avant sa publication dans le Journal Officiel.

Malgré l'amendement de la proposition du gouvernement par le Parlement qui a ramené le taux de cotisation mensuelle de l'agent à la RAMA de 15 pour cent à 10 pour cent, les syndicats des travailleurs concernés rejettent le projet en bloc.

On n'a pas été consulté les agents de l'Etat concernés comme c'est le cas pour d'autres lois telles la loi sur les juridictions Gacaca, la loi sur la Fonction publique, ou la loi concernant l'introduction de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), a confié à la PANA, François Murangira, Secrétaire Exécutif de la CESTRAR.

La CESTRAR -Centrale des Travailleurs du Rwanda- à 17 organisations syndicales représentant le secteur publique et privé.

Nous avons reçu les requêtes et les appels téléphoniques de plusieurs organisations et même des individus protestant contre la RAMA, a-t-il expliqué.

Les syndicats de travailleurs demandent que cette loi soit retournée au niveau du conseil des ministres, et que les bénéficiaires puissent donner leurs avis, a ajouté Murangira.

Selon certains agents interrogés par la PANA à Kigali, la pomme de discorde entre l'Etat et ses agents est que ces derniers ont été embrigadés dans la RAMA d'office sans qu'ils aient eu le choix d'une compagnie d'assurance de leur goût.

Ils soulignent aussi les inégalités criardes entre tous les agents quand aux avantages dont vont davantage bénéficier les cadres haut placés de l'administration, qui vont avoir une assurance complémentaire devant leur permettre l'évacuation à l'étranger le cas échéant.

Bien plus le ticket modérateur exigé à l 'agent de l'état pour les frais de consultation et d'hospitalisation n'est pas à la portée de la majorité des travailleurs compte tenu du fait que les salaires -estimé à moins de 35 dollars EU pour le plus bas commis et plus à peu près 200 dollars EU pour le rang de ministre—restent globalement minables.

La grande majorité des fonctionnaires de l'état ne parviennent pas à relier les deux bouts du mois, a confié une secrétaire dans un des ministères de la capitale, au a requis l'anonymat. Comment voulez-vous qu'on puisse trouver ce ticket modérateur? a-t-elle demandé.

Dans un communiqué de la CESTRAR parvenu à la PANA samedi, les représentants des agents de l'état demande qu'il leur soit donnée le libre choix de l'assureur, et que les taxes soit ajusté en fonction de l'échelle des salaires.

Ces représentants, dans leur réunion qui a eu lieu ce vendredi, ont regretté que dans les milieux rurales certains agents de l'Etat ont été forcés à adhérer à la RAMA. Ils demandent à ceux qui restent, surtout les agents des ministères a ne pas se faire inscrire à cette compagnie.

Les sources bien informées au sein de la CESTRAR affirme que la grève des agents seraient inéluctable au cas où leurs doléances vis-vis de la RAMA ne seraient pas prises en compte.