Des prostituées distribuent les préservatifs au Rwanda

Panafrican News Agency, 1 December 2000

Kigali, Rwanda—La prostitution constitue le thème central de la campagne anti-SIDA au Rwanda au point que des Organisations non gouvernementales (ONG) du secteur, tablent sur les femmes libres pour réussir leur stratégie de distribution de préservatifs masculins.

Selon le Projet rwandais d'information sur le SIDA (PSI-Rwanda), l'utilisation du préservatif n'est pas systématique, du fait notamment de l'existence de partenaires de longue date.

Les prostituées sont gênées de leur imposer l'usage du préservatif, explique-t-on de même source.

Le recours aux femmes de joie pour généraliser l'usage du préservatif n'est pas le fait du hasard au Rwanda. Il est perçu comme un canal efficace permettant d'atteindre des groupes spécifiques, les militaires et les camionneurs en particulier, indique une étude récente du PSI-Rwanda sur l'impact de la distribution des préservatifs par les prostituées.

La difficulté tient surtout au fait que, face à des clients réticents, les prostituées affirment, dans leur grande majorite, qu'elles préfèrent accepter des rapports sexuels non protégés plutôt que de perdre de l'argent, ajoute-t-on de même source.

Le fait que la majorité des prostituées n'ont pas d'emploi limite leur marge de négociation et augmente leur vulnérabilité, selon l'étude qui estime à 56 pour cent le taux de prévalence actuel du VIH/SIDA dans le groupe.

Eu égard aux obstacles rencontrés par les femmes dans la distribution et l'utilisation du préservatif, le projet rwandais recommande aux prostituées de faire preuve de solidarité pour appliquer le principe sans préservatif, pas de de rapports sexuels.

PSI-Rwanda préconise en outre des séances régulières de sensibilisation pour augmenter la capacité des femmes libres à négocier l'utilisation du préservatif et à avancer des arguments à même de convaincre leurs partenaires.

Plus généralement, l'étude du PSI-Rwanda recommande des actions de sensibilisation de la population rwandaise pour la persuader de renoncer à des coutumes incompatibles avec des relations sexuelles protégées.

On ne suce pas le bonbon avec son sachet d'emballage, a-t-on l'habitude de dire dans la société rwandaise, sûrement par ignorance des méfaits du VIH qui frappe 10 pour cent de la population du pays.