Le directeur de Tropic FM libéré, celui de Radio Karthala toujours incarcéré

Reporters sans frontieres (Paris), 5 December 2001

Paris—Cheikh Ali Cassim, directeur de Tropic FM a été libéré, le 11 octobre 2001, après avoir purgé une peine de quatorze mois de prison ferme. Reporters sans frontières (RSF) estime que ce journaliste a été condamné en raison de ses opinions et n'aurait jamais dû être incarcéré. L'organisation rappelle qu'en janvier 2000, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, Abid Hussain, a affirmé que l'emprisonnement en tant que sanction de l'expression pacifique d'une opinion constitue une violation grave des droits de l'homme.

Arrêté le 15 août 2000, Cheikh Ali Cassim a passé quarante-cinq jours dans un camp militaire, ce qui est contraire à la loi, avant d'être transféré à la prison de Moroni. Joint au téléphone par RSF, il a rappelé que Tropic FM est la seule radio privée à réaliser des journaux d'information, et que les autorités n'apprécient pas sa manière un peu directe de présenter l'actualité. Il a également expliqué que ses activités politiques pouvaient avoir un lien avec son arrestation.

Par ailleurs, RSF demande aux autorités de libérer Izdine Abdou Salam, directeur de Radio Karthala, placé sous mandat de dépôt au parquet de Moroni deux jours après son arrestation, le 10 novembre 2001. Izdine Abdou Salam ne connaît toujours pas son chef d'inculpation. Il serait accusé de diffamation. Il avait mené sur les ondes de Radio Karthala un débat contradictoire sur le projet de Constitution soumis à un référendum le 23 décembre 2001. Plusieurs intervenants avaient sévèrement critiqué le texte. Les cassettes de l'émission ont été saisies par la gendarmerie. Izdine Abdou Salam était déjà sous le coup d'une condamnation pour diffamation envers le Premier ministre, et le tribunal lui avait interdit de diffuser des programmes politiques.