Le gouvernement, conteste, prepare des reformes

Haiti hebdo, No.85, 15 septembre 1995

Le premier ministre Smarck Michel, le ministre des finances Marie-Michele Rey, et des membres du patronat ont sejourne du 5 au 15 septembre aux Etats-Unis pour des consultations avec les milieux financiers et americains au sujet du programme d'ajustement structurel, dont dependra l'octroi de quelque $120 millions en aide etrangere. Un tiers du milliard de dollars d'aide promis par les pays riches a deja ete recu et 10 000 emplois crees, selon Michel. Des negociations avec le Fond monetaire international debuteront le 18 a Port-au-Prince.

Michel a minimise, le 12 devant la presse, l'opposition au projet de privatiser neuf des plus grandes entreprises d'Etat. Il ne s'agissait que de gauchistes ou d'anciens partisans de la dictature militaire: Il n'y a plus que 400 opposes, dont plusieurs grands capitalistes qui ne la veulent pas parce ils se sont habitues a des monopoles. Selon lui, l'interet est grand pour le rachat de la tres rentable compagnie de telephone, Teleco, dont 40% du capital serait vendu. Par contre, l'EDH (electricite), en tres mauvais situation, a suscite peu d'interet.

Michel, qui a rencontre de hauts responsables americains, dont le vice-president Al Gore, ainsi que des membres du Congres et des hommes d'affaires, a reconnu que l'ajustement structurel pourrait etre difficile, mais il a espere que dans un an, les 50 000 emplois supprimes depuis le coup d'Etat de 1991 auront ete recuperes.

Il a ecarte, le 8, la possibilite que le president Jean-Bertrand Aristide reste au pouvoir au-dela de fevrier prochain. Mais il a declare qu'Aristide est la lumiere, la conscience, le cerveau du peuple haitien... Le peuple souhaiterait qu'il reste toujours... Haiti et Aristide—c'est une histoire d'amour.

Contre les privatisations. Un millier de personnes, mobilisees par des organisations populaires, ont manifeste le 7 dans la capitale contre les privatisations, en accusant le gouvernement de vouloir vendre le pays. Le ministre Rey a menace de demissionner le 31 aout a la suite des accusations diffusees par la television d'Etat, selon lesquelles des magouilleurs au sein du gouvernement voudraient faire profiter leurs amis bourgeois des ventes au secteur prive.

Aristide a recu le 24 au Palais national une cinquantaine d'organisations populaires. Selon certaines d'entre elles, privatiser dans un pays ou les hommes d'affaires ont prefere faire un coup d'Etat que payer leurs impots c'est substituer la paille aux tripes. Le 5 septembre, il a rencontre les syndicats des entreprises visees.

Les employes de divers entreprises etatiques (banques, hopitaux et autres) ont organise des greves et des protestations au courant du mois d'aout.