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Aideed prêt à nouer le dialogue avec le nouveau pouvoir

Panafrican News Agency, 8 October 2000

Nairobi, Kenya—Hussein Mohammed Aideed, un des leaders de factions qui avait précédemment exprimé son opposition au gouvernement provisoire somalien nouvellement installé, s’est déclaré prêt à nouer le dialogue avec les nouvelles autorités, indique le journal kenyan East African Standard.

M. Aideed, qui contrôle une partie de la capitale somalienne divisée, a indiqué au journal qu’il était prêt à signer un pacte de réconciliation avec le président nouvellement élu du pays, Abdulkassin Hassan Salat.

Nous sommes sur le point de nouer un dialogue pacifique avec M. Salat, a déclaré M. Aideed à ce journal de la capitale kenyane, traduisant ainsi, un apparent changement par rapport à son ancienne position qui voulait qu’il ne négocie jamais avec le gouvernement provisoire somalien, installé en août 2000, sur l’initiative de l’IGAD (Autorité Inter-Gouvernementale de Lutte contre la Sécheresse).

M. Aideed a déclaré avoir eu le 24 septembre dernier, sous l’égide du guide libyen le colonel Moammar Kadhafi, des entretiens fructueux avec le président Salat.

Il a révélé que cette rencontre avait retenu la convocation d’une autre conférence nationale de réconciliation en Somalie mais sans aucun leader réclamant la présidence.

Le chef de faction a cependant averti que son Alliance Nationale Somalienne résisterait à toute tentative des nouvelles autorités, d’imposer une administration unilatérale à la nation somalienne déchirée par la guerre.

Nous n’accepterons pas un gouvernement unilatéral. Nous nous battrons pour le bien de tout le peuple somalien, mais pas pour un seul groupe, a déclaré M. Aideed, mettant aussi en garde la communauté internationale contre toute précipitation dans la reconnaissance du nouveau gouvernement somalien.

La communauté internationale ne devrait pas reconnaître M. Salat pour éviter un nouveau bain de sang en Somalie, a-t-il encore dit.

Selon lui, le Conseil de Sécurité de l’ONU ne devrait pas non plus permettre le déblocage de fonds non-humanitaires pour le gouvernement de M. Salat, puisque cet argent pourrait être utilisé à des fins militaires.

La reconnaissance de M. Salat est la porte ouverte à la reprise du conflit civil en Somalie et au renforcement de l’insécurité dans la région de la Corne de l’Afrique, a encore fait valoir M. Aideed.

Il a invité l’Italie et l’Allemagne à ne pas soutenir la force Police Action nouvellement installée à Mogadiscio.

Il a aussi mis en garde les officiels de l’ONU, en charge de la Somalie, qui seraient en train selon lui, de demander que les fonds alloués au dernier gouvernement de M. Siad Barre, et qui avaient été gelés après l’éclatement de la guerre civile en 1991, soient débloqués pour aider la nouvelle administration.

Nous conseillons à l’ONU de ne pas commettre une autre erreur historique en Somalie, a encore déclaré le chef de guerre, en référence à l’échec de l’intervention onusienne dans ce pays en 1992-95 dans le cadre de l’opération Restore Hope dirigée par les Etats-Unis, et qui s’était terminée tragiquement.

Arrivé jeudi au Kenya pour une visite de 24 heures, M. Aideed a eu des entretiens à huis clos avec le président Daniel Arap Moi et plusieurs diplomates étrangers.